Poppy N+Z
Emmanuelle Grangier / P.A.S.
Une performance pour deux robots Poppy Humanoïd, la danseuse Bi-Jia Yang, le danseur Marius Sawadogo, le philosophe Ludovic Duhem et les musiciens Benoit Bottex & Léos Ator
Pensée et réalisée en collaboration avec les chercheurs en robotique développementale (une robotique qui s’appuie et s’inspire du développement de l’enfant) de l’équipe Flowers de l’Inria Bordeaux
« Quelle est aujourd’hui notre relation à ces nouveaux robots qui commencent à peupler nos espaces quotidiens, intimes et publics, avec lesquels nous pouvons échanger, interagir, qui nous sauvent parfois, ces robots psychiatre, médecin, prêtre, assistant, collaborateur voire ami ? Que se passe-t-il quand cette relation est détachée de toute fonction, sans objet prédéfini ? Comment se construit-elle, par imitation, projection, différence ? Et à quel moment les percevons-nous assez autonomes pour les penser comme des interlocuteurs à part entière, interagissant en temps réel avec nous ? À rebours, que nous disent-ils sur notre humanité ?»
Pour Emmanuelle Grangier, ce qui est en jeu dans cette relation humain/ robot c’est la question de la différence par la possible émergence d’une nouvelle forme d’altérité, singulière et inédite. «Cette relation se construit aujourd’hui premièrement par et dans les corps, l’interaction des corps humains et robotiques dans leur environnement partagé. Dans l’observation, par l’observation et le dialogue des différences morphologiques et des différents modes de perception et de cognition de l’environnement, incluant le corps de l’autre. La différence est avant tout dynamique. «Le langage chorégraphique me semble le plus pertinent à rendre compte de cette altérité émergente qui remue notre humanité. Un langage chorégraphique qui reste à inventer.»
SITUATION INITIALE
Imaginez que nous soyons enfermés pendant 10 ans, 100 ans, 1000 ans… avec Poppy dans un vaisseau spatial. Que nous dansions avec lui tous les jours. Quel langage singulier émergera de la résonance de nos corps si différents ? Que mettrons-nous en commun tout en gardant nos singularités ?
« Les frontières de mon langage sont les frontières de mon monde » Ludvig Wittgenstein
La question du langage est ici centrale. Dans Poppy N+Z, Emmanuelle Grangier envisage et travaille la voix des danseurs (chants, sifflements, paroles…) comme élément chorégraphique à part entière et le langage chorégraphique comme langage transdisciplinaire et transculturel possible.
Emmanuelle Grangier a imaginé pour cette performance deux répertoires. Le premier est un répertoire de phonèmes issus du français et d’autres langues. Ces phonèmes sont interprétés par les corps des danseurs et des robots. Le second répertoire a été créé par Emmanuelle Grangier et Ludovic Duhem. C’est un répertoire de mots puisés dans différents champs lexicaux, dans différentes langues. Les poppys construisent un répertoire chorégrahique en décomposant chaque mot en phonèmes. Les danseurs interprètent les mots comme des entités sémantiques, ils vont puiser dans leurs cultures, leurs mémoires, leurs imaginaires, chaque répertoire est différent.
Poppy N+Z interroge la possible émergence d’un langage partagé entre l’homme et le robot par les confrontations entre répertoires robotiques et répertoires humains.
La voix est omniprésente, ses inflexions, ses rythmes, ses intonations, celle des danseurs, celle du philosophe, de la chorégraphe. Différents niveaux de langage se croisent et finissent par s’hybrider. La voix, la parole du philosophe n’appartient pas au même champ, elle établit une distance réflexive, elle tisse des liens avec d’autres lieux de pensée, décontextualise l’action, crée du contraste ou des résonances, parfois elle est proche de la rêverie. Mais c’est toujours une parole en action parce que la philosophie peut-être plus encore que n’importe quelle forme d’art a besoin de s’exercer, de s’entendre, de s’incarner, de dialoguer, de se confronter peut-être parce qu’elle s’est trop longtemps repliée, éloignée.
La voix de la chorégraphe agit directement sur le déroulement de la performance, accélère ou ralentit la vitesse du discours du philosophe, le mouvement des danseurs. Elle puise au hasard dans le répertoire de mots et chaque mot est interprété simultanément par les danseurs et les poppys. Le discours improvisé du philosophe doit également incorporer ces mots qui viennent le perturber ou le prolonger.
Concept & Chorégraphie
Emmanuelle Grangier
Musique
Benoit Bottex
Musiciens
Benoit Bottex (clarinette, musique électronique), Léos Ator (mandoline, violon chinois)
Créé avec et dansé par
Marius Sawadogo, Bi-Jia Yang
Performance
Ludovic Duhem
Régie numérique et robotique
Théo Segonds, Lionel Stora, Samuel Roure
Partenaires Scientifiques
Equipe FLOWERS, Inria Bordeaux
Carrefour numérique² de la Cité des Sciences et de l’Industrie (La Vilette)
Production
P.A.S.
Coproduction
Service culturel de la ville de Talence / Le Dôme / L’Institut Français
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